Une recherche réalisée à l’Université de Grenade signale que les hommes sexistes, sentant que leur pouvoir dans le couple est menacé, peuvent parfois utiliser la violence comme instrument afin de restaurer leur pouvoir perdu. Les femmes qui croient que leur couple réagira de façon agressive contre elles, si elles ne s’en tiennent pas aux rôles traditionnels, choisissent de sacrifier l’égalité au profit de la sécurité.
Les changements vécus dans les rôles sociaux traditionnels de l’homme et de la femme peuvent être une des raisons de l’augmentation des cas de violence générique, vu que quand les hommes sexistes sentent que leur pouvoir dans le couple est menacé, ils peuvent utiliser la violence comme instrument afin de restaurer leur pouvoir perdu.
Ainsi, la violence devient un instrument de contrôle du pouvoir menacé, et un moyen de le récupérer, car une partie importante des hommes d’aujourd’hui « se sentent menacés par le changement de leurs rapports avec les femmes, et sont incapables de comprendre des rapports génériques en termes d’égalité malgré la norme sociale généralisée. »
Toutes ces conclusions découlent d’une recherche menée à bien au Département de Psychologie sociale et de Méthodologie des Sciences du Comportement de l’UGR par Mme María del Carmen Herrera Enríquez, et dirigée par les professeurs Francisca Expósito Jiménez et Miguel C. Moya Morales. Ce travail prétend répondre à une question très concrète : « Pourquoi certains hommes maltraitent-ils certaines femmes ? »
La recherche menée à bien à l’UGR a abordé le sujet de la violence contre les femmes d’un point de vue psychosocial, à partir de deux facteurs explicatifs : le sexisme et l’asymétrie du pouvoir dans le couple. Concrètement, son auteur a prétendu avancer d’un pas dans la recherche du rôle joué par la perception de menace au propre pouvoir dans les mécanismes producteurs de violence générique. Mme Herrera affirme que « non seulement le comportement de la personne est important, mais aussi l’influence du contexte social et ce qu’il ajoute à ce comportement. »
Femmes qui restreignent leurs ambitions
La chercheuse de l’UGR considère que notre société souffre un problème, qui est que l’acceptation par la femme du sexisme bénévole (qu’elle définit comme ‘sexisme à connotation positive, accompagné de soins et de paternalisme envers la femme’) peut les mener à restreindre leurs ambitions pour ne pas affronter des conflits avec leur couple romantique. Autrement dit : Les femmes qui croient que leur couple réagira de façon agressive contre elles si elles ne s’en tiennent pas aux rôles traditionnels, choisissent de sacrifier l’égalité au profit de la sécurité.
Le sexisme bénévole « peut être considéré comme une lentille qui dénature la réalité, précisément à cause de ce ton positif qui le caractérise et qui affaiblit la résistance de la femme face à toute situation d’inégalité, de discrimination ou de violence dont elle fait l’objet. » Cette donnée souligne la nécessité d’étudier le sexisme entre femmes, tout en le considérant un facteur important qui complique le changement social au sein des groupes souffrant préjudice et discrimination, dont les membres finissent par assumer et même par être d’accord avec leur situation d’infériorité.
Cette recherche confirme l’importance des facteurs idéologiques dans la violence générique, ainsi que le rôle joué par le pouvoir dans la relation, et les réactions que certains hommes peuvent déclencher pour conserver et/ou récupérer le pouvoir perdu ou bien menacé.
Les résultats de ce travail peuvent constituer une pièce essentielle dans la prévention et l’intervention dans le domaine de la violence générique, vu que l’auteur a non seulement mis en relief l’importance des facteurs idéologiques chez l’agresseur, mais aussi le rôle joué par l’idéologie sexiste bénévole chez les femmes victimes potentielles.
Référence bibliographique :
– Expósito, F. & Herrera, M. C. (2009). Social Perception of Violence Against Women: Individual and Psychosocial Characteristics of Victims and Abusers. European Journal of Psychology Applied to Legal Context, 1, 123-145.
– Expósito, F., Herrera, M. C., Moya, M. & Glick, P. (en prensa). Don’t Rock the Boat: Women’s Benevolent Sexisms Predicts Fears of Marital Violence. Psychology of Women Quartely.
Contact : Mª Carmen Herrera Enríquez. Département de Psychologie sociale et de Méthodologie des Sciences du Comportement de l’Université de Grenade. Portable : 625 995940, courriel : mcherrer@ugr.es