- Des scientifiques de l’Université de Grenade ont dessiné un système beaucoup plus fiable et meilleur marché que ceux employés actuellement pour reconnaître des cadavres.
- Pour cela, les chercheurs ont obtenu ces données à partir d’un échantillonnage de 500 personnes vivantes d’origine méditerranéenne.
Des scientifiques de l’Université de Grenade ont mis à point une nouvelle technique permettant d’identifier un cadavre en comparant le crâne à une simple photo du vivant de l’individu. Ce système, basé sur la technique d’identification légiste connue comme superposition craniofaciale, part de l’analyse de la morphologie du visage réalisée à partir de la localisation de points de référence aussi bien sur le crâne (points craniométriques) que sur la photographie (points somatométriques).
D’après les auteurs de ce travail, les points de référence actuellement considérés dans le monde pour analyser les caractères du crâne ne correspondent pas en réalité à ceux de la peau et des parties molles du sujet quant à la détermination de la structure osseuse de la personne vivante. Les scientifiques de l’UGR ont déterminé les rapports réels existant entre les points de référence des os et ceux du visage de la personne vivante. Grâce à cette nouvelle technique, ils sont arrivés à identifier de façon très fiable des individus, en comparant lesdits points, avec une grande rapidité et un coût très bas.
Un des résultats obtenus dans cette étude a été de démontrer que le rapport entre les points des os et ceux de la peau ne sont pas perpendiculaires, tel qu’il a toujours été indiqué dans les travaux antérieurs, mais qu’il existe un rapport euclidien entre eux, c’est-à-dire, qu’il existe un angle qui varie en fonction du rapport entre chaque paire de points.
Meilleur marché et aussi fiable que l’ADN
L’auteur principal de cette découverte, M. Fernando J. Navarro Merino, du Département de Médecine Légale, de Toxicologie et d’Anthropologie Physique de l’Université de Grenade, affirme que la technique de superposition craniofaciale peut se réaliser de façon rapide, souple et fiable, afin de déterminer l’identification d’un individu. « L’analyse est, en plus, beaucoup moins coûteuse que d’autres techniques, qui s’appliqueraient en cas de besoin et comme dernier recours. Il s’agit d’un appui et d’un système d’élimination préalable à d’autres techniques plus coûteuses ou lentes, comme l’ADN. »
La technique mise au point à l’Université de Grenade a permis d’identifier un individu parmi d’autres possibles, en restreignant très considérablement le nombre de candidats qui pourraient correspondre au crâne en question. Le résultat peut toujours être confirmé par les autres techniques. Ceci peut être très important aussi bien dans des cas particuliers de personnes disparues que dans les désastres collectifs.
Afin de matérialiser cette recherche, les auteurs ont travaillé avec un échantillonnage de 500 personnes vivantes d’origine méditerranéenne, classifiées en fonction du sexe et de l’âge, provenant des Services Centraux des Hôpitaux de Castille-La Manche (SESCAM) avec lesquels le laboratoire d’Anthropologie Physique de l’Université de Grenade a signé un accord de collaboration. Ils ont ainsi créé une base de données avec les coordonnées tridimensionnelles de la localisation dans l’espace de chacun des points faciaux, aussi bien craniométriques que somatométriques. À partir des coordonnées de chaque landmark, on a étudié le rapport spatial entre chaque paire de points (crâne-visage), obtenant ainsi un vecteur et un module vectoriel indiquant le sens, la direction et la distance qui met en rapport chacune de ces paires de points. L’objectif est que ledit vecteur (qui va du crâne à la peau de la personne) serve de référence lorsque nous ne possédons que le crâne.
Identification avec des sujets vivants
Après cela, les chercheurs ont essayé d’analyser les résultats de l’étude antérieure dans des cas réels d’identification de personnes dont on ne conserve que le crâne. Pour cela, ils ont obtenu des images volumétriques du crâne de l’individu à identifier avec un scanner tridimensionnel. Ensuite, ils ont créé un modèle 3D du crâne complet (crâne virtuel). D’après ce modèle 3D, ils ont localisé et marqué les points cranéométriques faciaux, et ont placé les points somatométriques sur les photographies (habituellement cédées par la famille ou les corps de police) où va se réaliser la superposition. Grâce à l’étude vectorielle de la première étape du travail, ils sont arrivés à améliorer la fiabilité et l’agilité au moment d’appliquer la technique d’identification par superposition craniofaciale.
Cette recherche est pionnière dans le domaine de la superposition craniofaciale vu qu’elle se base sur l’étude du rapport entre points faciaux réels pris directement sur l’individu de son vivant par TACs pour une population méditerranéenne. Jusqu’alors, cela ne s’était fait qu’à partir de cadavres, ce qui présentait une grande difficulté et un nombre d’erreurs trop élevé. La recherche a été dirigée par les professeurs Miguel C. Botella López, Inmaculada Alemán Aguilera et Sergio Damas Arroyo.
Une partie des résultats de cette recherche a été publiée récemment dans la revue à impact le plus élevé en Informatique ACM Computing Surveys, et peut être consultée sur le site suivant : http://dl.acm.org/citation.cfm?doid=1978802.1978806
Images adjointes
1.- Exemple de rapport existant entre les points craniométriques et somatométriques faciaux dans la zone de l’orbite. Vue d’un TAC facial et de l’image tridimensionnelle d’un crâne.
2.- Image tridimensionnelle d’un crâne scanné.
Contact : Fernando J. Navarro Merino. Département de Médecine Légale, de Toxicologie et d’Anthropologie Physique de l’Université de Grenade. Courriel : fusely@ugr.es