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Une historienne décrit comment étaient les maisons des premiers chrétiens qui habitèrent l’Alhambra en 1492

Mª Elena Díez Jorge, chercheuse au département d’Histoire de l’Art de l’Université de Grenade, a analysé minutieusement plus d’une centaine de documents de l’époque conservés dans différentes archives.

Son travail, pionnier au niveau mondial, a révélé comment étaient les maisons que les Rois Catholiques ordonnèrent construire à l’intérieur de l’enceinte de l’Alhambra dans l’intention de les faire occuper par un grand nombre de chrétiens.

Une chercheuse de l’Université de Grenade a décrit pour la première fois comment étaient les maisons des premiers chrétiens qui occupèrent l’Alhambra après la conquête de 1492.

Son travail, pionnier au niveau mondial (vu que jusqu’à cette date on avait principalement étudié les logements islamiques), a révélé comment étaient les maisons qui, à l’époque des Rois Catholiques, furent construites à l’intérieur de l’enceinte de l’Alhambra dans l’intention de faire occuper la cité palatine par un grand nombre de chrétiens.

La recherche a été menée à bien par la professeure Mª Elena Díez Jorge, du département d’Histoire de l’Art de l’UGR, après avoir analysé minutieusement plus d’une centaine de documents de l’époque conservés dans différentes archives (entre autres, les Archives Générales de Simancas).

Ceci lui a permis de reconstruire des aspects très intéressants sur les maisons de l’époque, en plus de confectionner un plan sur lequel se recueille la distribution de plus de trente de ces logements à l’intérieur du réseau urbain de l’Alhambra, détaillant ainsi chaque secteur de la cité palatine.

Maisons de moins de vingt mètres carrés

« Les chrétiens qui s’établirent à l’Alhambra réutilisèrent quelques logements de l’époque islamique, mais en démolirent aussi d’autres et construisirent leurs propres maisons, explique la professeure de l’UGR. La plupart d’entre elles étaient très petites, encore plus que celles qu’il y avait dans le reste de la ville de Grenade. Celles des écuyers et artilleurs pouvaient se réduire à un petit logement, d’autres occupées par des postes peu importants à la cour pouvaient mesurer vingt mètres carrés, contrastant avec les quelques logements de grandes dimensions appartenant à la noblesse la plus proche des Rois Catholiques. »

La chercheuse signale que l’espace de la façade frontale du Palais de Charles Quint « était occupée par plus d’une dizaine de logements et de boutiques qui formaient un petit quartier à l’intérieur de l’Alhambra, actuellement imperceptible », de même que dans la zone de l’ancienne mosquée, avant la construction de l’actuelle église de Sainte-Marie de l’Alhambra, où il y avait également des maisons. Tout ceci nous offre une image très différente de l’Alhambra que nous visitons aujourd’hui.

La typologie des maisons, ainsi que les parties qui les configuraient, le mobilier et la vie intérieure pendant ces premières années après la conquête complètent cette étude, qui a été publiée dans un livre édité par les éditions Sílex sous les auspices d’un Projet d’Excellence dirigé par l’Université de Grenade (projet GENARQ), en collaboration avec un autre projet dirigé par Julio Navarro Palazón, de l’École d’Études Arabes (Conseil Supérieur de Recherches Scientifiques, CSIC)

Malgré les dimensions réduites de certaines de ces maisons, plusieurs personnes s’arrangeaient pour y vivre. Dans les maisons de l’Alhambra analysées, le propriétaire pouvait y vivre avec sa femme et ses enfants, sans compter d’autres gens faisant partie du service domestique ; mais il se présente d’autres cas particuliers, comme celui d’un père partageant son logement avec un fils qui l’aidait à se soigner de ses graves blessures reçues pendant la Guerre de Grenade.

Maisons-boutique

De plus, son travail de recherche a révélé que certains de ces logements étaient des maisons-boutique, « dont les dimensions réduites se limitaient pratiquement à un petit comptoir et à une chambre minuscule ». Seul quelques-unes possédaient une basse-cour et un jardin potager, mais c’était aussi peu fréquent que les écuries, tout au plus une petite étable pour garder les animaux.

« Bien que l’on ait beaucoup écrit, en ce qui concerne l’Alhambra, sur les différents moments et vicissitudes de sa longue histoire, il reste encore assez d’aspects à rechercher sur elle », avertit l’historienne de l’UGR. « Un de ceux-ci étant précisément la configuration et la disposition des maisons de ses premiers habitants après la conquête par les chrétiens en 1492, objets de cette étude. »

Référence bibliographique :

Mª Elena Díez Jorge, Casas en la Alhambra después de la conquista cristiana (1492-1516): pervivencias medievales y cambios. In Mª Elena Díez Jorge et Julio Navarro Palazón (éds.). La casa medieval en la península ibérica. Madrid, Sílex, 2015, p. 395-463. ISBN: 978-84-7737-899-0

Contact :

Mª Elena Díez Jorge. Département d’Histoire de l’Art de l’Université de Grenade. Tél. : 958 241000, ext. 20293 ; courriel : mdiez@ugr.es