90% des jeunes pensent à des Africains du Nord ou du Centre (Marocains ou Sénégalais) quand ils entendent parler de personnes immigrantes, bien qu’ils se réfèrent de plus en plus souvent à des Sud-américains et à d’autres Européens quand on les questionne à ce sujet. C’est ce qui découle d’une étude menée à bien par M. Francisco Jiménez Bautista, professeur d’Anthropologie et chercheur à l’Institut de la Paix et des conflits de l’Université de Grenade, qui a essayé d’élucider qui est « l’autre » pour les jeunes de Grenade. L’objectif de ce travail était d’analyser dans quelle mesure les immigrants arrivés en Espagne dans les dernières années sont exclus socialement en raison de leur religion.
Pour ce faire, le chercheur de l’UGR a réalisé une enquête parmi 400 jeunes grenadins entre 14 et 25 ans, auxquels il a appliqué une batterie de 45 questions dans l’intention de mieux connaître leur perception des immigrants.
Ainsi, 64,1% des jeunes pensent à la catégorie « Noirs » quand ils entendent parler d’une autre race, suivie de « Marocains » (18%), « Gitans » (10,1%) et « jaune » (6,1%). M. Jiménez Bautista a réalisé d’autres enquêtes similaires à celle-ci, faite en 2008, dans les années 1996, 2000 et 2004, et affirme que ce fut en 2000 que les jeunes introduirent la race « arabe/marocaine », vu que jusqu’alors personne ne faisait mention à ladite catégorie.
L’ « autre » est musulman
La religion musulmane est celle qui prévaut parmi les jeunes grenadins quand on leur demande à quoi ils pensent quand ils entendent parler de personnes d’un autre credo. Le chercheur grenadin signale que « de plus en plus de gens parlent de la religion bouddhiste et de la juive, parce qu’ils perçoivent qu’il existe de nombreuses cultures dans leur environnement. »
A la lumière des résultats de son travail, M. Francisco Jiménez Bautista considère que les jeunes grenadins, « dans la construction de leur altérité », ont exclu socialement et marginalement les Marocains jusqu’en 2004, et introduisent sciemment les sud-américains et les citoyens de l’Europe de l’Est, « dans l’intention de situer le caractère religieux desdites collectivités comme élément principal d’exclusion sociale dans la société grenadine. »
Référence : Prof. Francisco Jiménez Bautista, Institut de la Paix et des Conflits de l’UGR. Tél. : 34 958 248355 et 958 248367 ; Courriel : fjbautis@ugr.es