Les réseaux djihadistes « n’ont pas cessé d’essayer de s’implanter structurellement en Espagne » depuis les attentats du 11-M, de sorte qu’il est nécessaire que les autorités policières « dessinent et mettent en application des réponses qui réduisent l’ampleur du phénomène structurel djihadiste dans notre pays ». C’est ce qui découle d’un document de travail élaboré par M. Javier Jordán Enamorado, professeur du département de Science Politique et de l’Administration de l’UGR, et expert en réseaux djihadistes, publié récemment par l’Institut Royal Elcano.
Ledit travail a analysé l’évolution subie par le djihadisme en Espagne après le 11-M, raison pour laquelle l’auteur a examiné les 28 interventions policières les plus importantes réalisées depuis mars 2004 contre les réseaux djihadistes dans notre pays, sans compter celles qui sont directement liées à l’enquête des attentats de Madrid.
Son article signale notamment que 70% des détenus en Espagne après le 11-M proviennent de l’Algérie et du Maroc, suivi de Pakistanais (23 détenus depuis 2004) et, en 4º position, d’Espagnols autochtones. Parmi ces derniers, 14 parmi les 19 détenus résidaient (et y sont probablement nés) à Ceuta et Melilla, leurs parents étant d’origine marocaine.
La Catalogne en tête
Quant à la localisation géographique des réseaux désarticulés, l’article de M. Jordán met en évidence que dans plus de la moitié des 28 cas étudiés, les présumés membres d’un même réseau vivaient dans différentes communautés autonomes, parfois à des centaines de kilomètres les uns des autres.
Par autonomies, la Catalogne est la communauté dans laquelle a eu lieu le plus grand nombre d’opérations antiterroristes (16 dont 14 dans la province de Barcelone), suivie de l’Andalousie (10), Communauté de Valence (6) et Madrid (5).
M. Jordán coïncide avec un rapport présenté par le King’s College de Londres à la Commission européenne en décembre 2007, dans lequel il était signalé que le recrutement djihadiste se faisait fondamentalement dans trois espaces : les mosquées et oratoires en premier lieu, suivis des prisons.
L’article de Javier Jordán Enamorado signale que, bien que le rôle fondamental des réseaux djihadistes en Espagne soit logistique, depuis 2004 « a augmenté le nombre de groupes prétendant commettre de nouveaux attentats en Espagne ». Ainsi, on connaît au moins sept plans terroristes, la plupart d’entre eux dans leur phase initiale, qui prétendaient attenter contre des objectifs civils très fréquentés, comme les systèmes de transport (le métro de Madrid et de Barcelone, ou le ferry unissant Ceuta et Algeciras) ou les centres commerciaux. Les deux villes qui se retrouvent le plus dans la liste des objectifs présumés sont Madrid et Barcelone.
Note pour les médias : Le professeur Jordán est seulement disponible par courriel.
Référence : Javier Jordán Enamorado. Département de Science Politique et de l’Administration de l’UGR. Courriel : jjordan@ugr.es; Web : http://www.ugr.es/local/jordan/