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L’emploi d’avions de combat sans pilote contre Al-Qaeda au Pakistan est insuffisant pour empêcher complètement de nouveaux attentats en Europe et aux États-Unis

M. Javier Jordán, expert en yihadisme et professeur de l’Université de Grenade, affirme que malgré tout, ces avions sont le seul instrument dont dispose actuellement les USA pour saper le leadership et l’opérativité d’Al-Qaeda dans ce pays

L’emploi d’avions de combat sans pilote (aussi appelés drones) qu’emploie la CIA contre Al-Qaeda au Pakistan est insuffisant pour empêcher complètement de nouveaux attentats en Europe et aux Etats-Unis. Il n’empêche qu’il est très probable que les actions des drones continuent et s’intensifient à court et à moyen terme, vu que, comme le reconnaît le directeur de la CIA, ces avions sont le seul instrument dont dispose actuellement les USA pour saper le leadership et l’opérativité d’Al-Qaeda et des talibans au Pakistan.

C’est ce qui s’ensuit d’un article publié récemment dans le Bulletin de l’Institut Royal Elcano par le professeur de l’Université de Grenade et expert yihadiste, M. Javier Jordán Enamorado, dans lequel il signale que, malgré tout, la campagne d’attaques de la CIA est en train d’infliger un sévère châtiment aux ressources humaines d’Al-Qaeda tout en l’empêchant de fonctionner normalement.

L’utilisation de drones armés à cette fin fut une possibilité envisagée avant les attentats du 11 septembre 2001, et qui a commencé à s’appliquer depuis le début de l’intervention en Afganistan, mais c’est avec l’administration Obama que les attaques avec drones au Pakistan ont atteint des niveaux d’intensité vraiment significatifs. Cette circonstance est en train de motiver de plus en plus la mise en question des aspects légaux et éthiques de cette stratégie, et a également suscité un débat sur l’effectivité des actions de décapitation, en se basant sur les résultats d’expériences préalables contre différents groupes d’Al-Qaeda.

Absence de représailles

Le professeur Jordán souligne « l’absence de représailles da la part d’Al-Qaeda à conséquence de la stratégie de décapitation appliquée par la CIA ». Ces derniers temps, Al-Qaeda n’a été capable de réaliser qu’un attentat (contre l’unité de la CIA à Khost, en décembre 2009) après lequel il a d’ailleurs fait part, moyennant un communiqué, de son désir de vengeance pour la perte de leaders causées par la campagne de drones.

M. Javier Jordan ajoute qu’en 2009, le nombre d’attaques par avions de combat non pilotés a dépassé la somme totale d’attaques réalisées de 2004 à 2008 (53 pour 43). En septembre 2010, le nombre d’attaques avait déjà dépassé la somme de l’année antérieure (69).

Actuellement, la plupart des drones volant en Afganistan dépendent de la Force aérienne et réalisent des missions essentiellement militaires (protection de routes et d’installations, appui à des unités de terre, etc.). Les missions de ces avions utilisés par la CIA au Pakistan sont d’une autre sorte. Leur principal objectif est d’abattre des individus clé d’Al-Qaeda et de l’insurrection talibane, et leurs activités sont traitées  dans leur ensemble comme une opération secrète de l’Agence.

Les attaques de la CIA ont donné lieu à une intense polémique dans la société pakistanaise, qui explique à son tour l’attitude ambiguë du gouvernement d’Islamabad. D’un côté, le gouvernement pakistanais condamne publiquement ce qu’il considère une violation de sa souveraineté, tandis que d’un autre côté il collabore à l’emploi de drones qui, de fait, non seulement opèrent dans son espace aérien mais aussi dans certains cas atterrissent et décollent de la base aérienne de Shamsi, appartenant à la Force aérienne pakistanaise.

Ces attaques ont à la fois suscité différents types de critiques aux Etats-Unis. D’une part, on met en question la légalité desdites activités, mais sont également nombreuses les critiques en rapport avec les morts de civils innocents provoquées de façon non intentionnées par les attaques. « Comme celles-ci ont lieu dans des régions très peu accessibles aux médias et aux organisations d’aide humanitaire, il est difficile d’avoir une vision claire de la magnitude des dommages collatéraux », signale également le professeur de l’UGR.

Contact : Javier Jordán Enamorado. Département de Science Politique et de l’Administration de l’UGR. Courriel : jjordan@ugr.es