Est-ce que les stéréotypes et les préjugés de genre s’activent de manière automatique quand nous percevons une personne? Comment réagissent les femmes quand les rôles stéréotypés de genre leur sont présentés?
Un groupe de scientifiques de l’Université de Grenade (UGR) a étudié pour la première fois, d’un point de vue scientifique, les préjugés associés au genre, en démontrant que les stéréotypes et les préjugés peuvent être modifiés, malgré le fait qu’ils soient automatiques, et réagir de manière implicite (c’est-à-dire sans que la personne en soit consciente).
La recherche a été réalisée par la docteure Soledad de Lemus Martín, et dirigée par les professeurs du département de Psychologie Sociale et Méthodologie des Sciences du Comportement et de Psychologie Expérimentale et Physiologie du Comportement , Miguel Moya Morales et Juan Lupiáñez Castillo.
Des différences par genre
Les scientifiques de l’UGR ont démontré que quand une image d’un homme associé à la masculinité nous est présentée, nous activons un schéma mental de compétence, étant donné que cela est la dimension commune pour le catégoriser, alors que quand une image de femme nous est présentée, nous activons un schéma mental de sociabilité pour la même raison.
Les résultats de l’étude mettent en évidence que quand nous percevons à une personne dans un contexte social déterminé, les traits associés à la dimension de compétence (efficacité, motivation, intelligence et leurs antonymes) s’activent plus quand nous évaluons les hommes et les femmes qui sont en train de remplir leurs rôles traditionnels (l’homme comme directeur et la femme comme femme au foyer). Cependant, les traits associés à la dimension de sociabilité (sympathie, compréhension, sensibilité et leurs antonymes) s’activent relativement plus dans les contextes contre-stéréotypés (l’homme faisant les tâches ménagères et la femme comme directrice).
De plus, les femmes réagissent sur le plan affectif, en évaluant de manière plus négative les hommes quand elles sont éduquées sur une distribution de rôles traditionnels, alors que cet effet se réduit de manière significative quand elles sont éduquées dans des rôles contre-stéréotypés.
Des applications pratiques
La recherche a des importantes implications pratiques pour intervenir dans la réduction des stéréotypes et des préjugés envers des groupes en désavantage social. Spécialement, les responsables de la recherche signalent que bien que les stéréotypes de genre reflètent plus les caractéristiques structurelles de la société, le préjugé peut être employé de manière stratégique par les groupes avec des statuts sociaux mineurs pour compenser la situation sociale d’inégalité.
Ce résultat est d’une grande importance, puisque jusqu’à maintenant il n’existait aucune évidence empirique qu’un membre d’un groupe défavorisé réagira de manière aussi automatique à une menace pour l’identité de son groupe.
En vue à de futures recherches, «il sera intéressant de développer les possibilités d’usage du préjugé comme stratégie de changement social et voir si les femmes non seulement réagissent de manière négative aux tentatives pour maintenir l’inégalité du genre, sinon qu’en plus elles mettent en marche des stratégies de conduite positive pour fomenter l’égalité sociale», signalent les auteurs de ce travail.
Les résultats de cette recherche ont été acceptés pour leur publication en espagnol dans la revue «Psicológica» (incluse dans la base de données de «Science Citation Index»), ainsi que dans d’autres revues internationales spécialisées.
Coordonnées
Département de Psychologie Sociale et de Méthodologie des Sciences du Comportement
Pr. Soledad de Lemus Martín
Courriel: slemus@ugr.es
Pr. Miguel Moya Morales.
Courriel: mmoya@ugr.es
Téléphone : (+34) 958243165 / (+34) 958246271
Pr. Juan Lupiáñez Castillo.
Courriel: jlupiane@ugr.es
Téléphone : (+34) 958240663 / (+34) 958243165.