Des chercheurs des universités de Grenade et de Jaén (Espagne) prouvent que la course nommée « barefoot running » pratiquée de manière adéquate, diminue considérablement le risque que l’athlète souffre de lésions, étant donné qu’elle change significativement la technique d’appui employée par le pied lors de son contact avec le sol
39 coureurs volontaires ont participé à l’étude publiée par la revue Journal Of Sport and Health Science. Ils ont suivi un programme progressif avec des exercices spécifiques, réalisés sur une pelouse naturelle et ont obtenu de très bons résultats
Des scientifiques des universités de Grenade et de Jaen ont prouvé que courir pied nus (activité nommée « barefoot running ») d’une manière adéquate, diminue considérablement le risque que l’athlète souffre de lésions, étant donné que cela change significativement la technique d’appui du pied, indépendamment de la vitesse du coureur.
Il semble que courir pieds nus permette de stimuler l’acquisition d’un patron de course biomécanique et technique plus efficace qui implique que le pied rentre en contact avec le sol au niveau de la zone métatarsienne (appui vers l’avant). L’utilisation de l’habituelle chaussure protectrice moderne semble stimuler l’acquisition du patron opposé impliquant que le pied rentre en contact avec le sol au niveau de la partie postérieure du pied (zone calcanéenne, appui vers l’arrière), ce qui génère d’importants points d’impact ayant une incidence négative sur la santé et le rendement sportif du coureur.
Cette tendance à courir pieds nus génère beaucoup d’intérêt, et est renforcée par le nombre croissant de coureurs, et le nombre de chercheurs qui sont en train d’approfondir les avantages et les inconvénients de cette forme de locomotion. Il s’agit actuellement d’une pratique non majoritaire mais en augmentation.
Le type de chaussure utilisé par l’être humain au cours des derniers millénaires peut être jugé comme étant clairement minimaliste, étant donné que sa partie la plus importante est la semelle protectrice. Au cours des trente dernières années, des avancées ont changé de manière radicale la conception des éléments fonctionnels de la chaussure de sport: demi-semelles matelassées, technologies de contrôle du mouvement, technologies pour optimiser la capacité d’amortissement, etc. Les avantages de ces récentes avancées technologiques sur la chaussure de sport sont discutés lors des débats scientifiques.
Un programme de douze semaines
Les bénéfices de la course sans chaussures peuvent être obtenus à condition d’acquérir des habitudes techniques. Dans le cas contraire, la course pieds nus pourrait favoriser l’apparition d’autres facteurs de risques. Pour cela, il faut être prudent au moment de commencer cette pratique.
Une équipe de recherche multidisciplinaire de l’UGR appelée HUMAN LAB et située au sein de l’Institut Mixte Universitaire Sport et Santé (iMUDS, Instituto Mixto Universitario Deporte y Salud) a participé à ce travail qui utilise les technologies les plus avancées pour aborder dans son ensemble l’analyse des indicateurs de santé et d’efficacité des coureurs.
Le travail de recherche a été publié par la revue Journal of Sport and Health Science, sous la forme d’un article qui recueille les résultats obtenus après la mise en place d’un programme d’entraînement d’une durée de douze semaines basé sur la course pieds nus. Cela afin de vérifier les effets produits sur les coureurs.
39 coureurs volontaires ont participé à l’étude. Ils ont suivi un programme avec des exercices spécifiques de difficulté progressive, réalisés sur une pelouse naturelle. Les exercices étaient entièrement constitués de courses continues ou par intervalles et de sprints.
Après la période d’entraînement, les scientifiques ont démontré que les athlètes qui courent pieds nus changent de manière significative la technique avec laquelle leur pied rentre initialement en contact avec le sol. Les coureurs en cycle arrière, grâce au programme, ont changé significativement leur patron de course pour une technique vers l’avant, que ce soit à une allure confortable (le pourcentage de coureurs en cycle arrière passa de 55,6% à seulement 11,1%) ou à une allure plus rapide (passant de 58,3% à 13,8%).
D’autres résultats significatifs ont été obtenus et sont liés au risque de lésion. Les chercheurs ont observé que l’éversion interne du pied est, dans ce cas, restée la même et que les référents de rotation du pied et de la cheville, en revanche, ont varié entre 5,5% et 13,8% vers une rotation plus externe.
Changement dans le type d’appui
« Ce comportement mécanique au niveau des extrémités inférieures, combiné avec un mouvement transversal excessif de la cheville, semble être étroitement lié au développement de lésions chroniques », explique un des auteurs de l’étude, le professeur Víctor Manuel Soto Hermoso, du département d’Education Physique et Sportive de l’UGR.
Selon les résultats de cette recherche, « l’entraînement basé sur la course pieds nus réalisée de façon adéquate, produit des changements significatifs sur le type d’appui, indépendamment de la vitesse de l’athlète : un type d’appui en cycle avant (de metatarse), concourt à minimiser les points d’impact et donc diminue les risques pour le coureur de souffrir de lésions », explique le professeur Soto.
Malgré tout, les auteurs avertissent qu’il faut être prudent au moment de débuter la pratique de la course pieds nus. Il est conseillé de réaliser une étude multidisciplinaire de la biomécanique du système musculo-squelettique, à la fois au niveau statique (podologique et posturale) et dynamique (étude de la locomotion : marche et course). Cette étude doit particulièrement évaluer les changements cinématiques tridimentionnels (analyse de la technique), cinétiques (analyse de la force) et biostructurels (analyse des éléments élastiques et contractiles) ainsi qu’analyser la chaussure habituellement utilisée.
« Les professionnels qui travaillent dans le domaine des Sciences du Sport, en coopération avec des professionnels d’autres domaines de la santé, peuvent concevoir des programmes personnalisés pour introduire progressivement ce moyen de locomotion fascinant et stimulant, dont les avantages méritent d’être expérimentés, que ce soit de façon ponctuelle, au cours de l’entraînement, ou en tant que pratique intensive habituelle », conclut le chercheur de l’UGR.
Bibliographie:
Pedro A. Latorre-Román, Felipe García-Pinillos, Víctor M. Soto-Hermoso,
Marcos Muñoz-Jiménez (2016). Effects of 12 weeks of barefoot running onfoot strike patterns, inversion–eversion and footrotation in long-distance runners. Journal of Sport and HealthScience L’article complet est disponible à l’adresse suivante :
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2095254616000053