Une équipe internationale de scientifiques, à laquelle participe l’Université de Grenade, a analysé les effets de l’exposition pendant la grossesse à trois composés organiques persistants (COPs) sur le poids à la naissance des bébés.
Dans ce travail, publié dans la revue Environment International, on a mesuré les niveaux d’exposition à ces polluants dans le sang et dans le lait de la mère, ainsi que dans le sang du cordon ombilical du nouveau-né chez un total de 9.377 couples mère-enfant.
Les composés organiques persistents (COPs) sont des substances chimiques qui peuvent se produire de façon naturelle dans l’environnement, mais dont la majorité provient de l’activité humaine. Ils sont chimiquement très stables, ce qui signifie qu’ils peuvent persister dans l’environnement très longtemps après s’être produits et libérés ; de plus, ils peuvent rester accumulés pendant de longues périodes de temps dans le tissu gras des animaux et des êtres humains.
Une équipe internationale de scientifiques à laquelle participe l’Université de Grenade a analysé les effets de l’exposition pendant la grossesse à trois parmi ces composés, les polychlorobiphényles (PCBs), -congénère PCB-153, et le pesticide DDT et son métabolite DDE, sur le poids à la naissance des bébés. Les résultats ont été publiés dans Environment International.
Pour cela, ils ont analysé une grande base de données formée par onze cohortes de naissance européennes dans lesquelles s’incluaient 9.377 couples mère-fils. Les chercheurs ont mesuré les niveaux d’exposition à ces polluants dans le sang et le lait de la mère, ainsi que dans le sang du cordon ombilical du nouveau-né.
Sang de cordon ombilical
Les résultats ont montré que les nouveau-nés à niveau plus élevé de PCB-153 dans le sang du cordon ombilical courent un risque plus élevé de naître avec un moindre poids que les bébés à niveau moins élevé. « Cette association était, de plus, majeure si les mères avaient fumé pendant la grossesse », explique la chercheuse de l’UGR Mariana Fernández Cabrera, du Département de Radiologie et de Médecine Physique. Cependant, on n’a trouvé aucun rapport entre DDE et le poids de l’enfant à sa naissance.
Le peu de poids à la naissance a été mis en rapport avec des problèmes respiratoires pendant l’enfance, ainsi qu’avec d’autres maladies que l’on subit au cours de la vie. Par conséquent, ces résultats indiquent « que la régulation de l’utilisation et l’exposition aux PCBs et l’élimination de résidus qu’ils peuvent contenir est très importante afin d’éviter des risques potentiels pour la santé humaine ainsi que pour l’environnement », signale l’auteure.
La chercheuse de l’UGR rappelle que les enfants sont spécialement vulnérables aux polluants environnementaux dû à leur immaturité anatomique et physiologique, et parce que leurs mécanismes de détoxification ne sont pas tout à fait développés pendant que leurs organes sont en période de formation.
Interdits depuis les années 70
Même si les COPs furent interdits dans la plupart des pays développés au cours des décennies 70 et 80, « l’exposition environnementale a produit comme résultat leur accumulation dans le corps humain (spécialement dans les tissus gras), de sorte que la majorité des habitants de la terre emmagasinent dans leur organisme des quantités appréciables des mêmes », signale Mariana Fernández.
À l’exception des individus exposés à cause de leur emploi, la plupart des expositions à des COPs se produisent à travers la diète, spécialement les aliments d’origine animale, mais ils sont également présents dans l’eau, l’air et les sols.
« L’exposition à des polluants environnementaux à un très jeune âge peut avoir des conséquences négatives lors de la naissance, comme par exemple un retard dans le développement fœtal qui se manifeste par un moindre poids, un retard dans la croissance intra-utérine, un accouchement précoce ou des malformations congénitales », conclut la scientifique.
Référence bibliographique :
Prenatal exposure to PCB-153, p,p′-DDE and birth outcomes in 9000 mother–child pairs: Exposure–response relationship and effect modifiers. Maribel Casas, Mark Nieuwenhuijsen, David Martínez, FerranBallester, Xavier Basagaña, MikelBasterreche, Leda Chatzi, Cécile Chevrier, Merete Eggesbø, Mariana F. Fernandez, Eva Govarts, MònicaGuxens, Joan O.Grimalt, Irva Hertz-Picciotto, Nina Iszatt, Monika Kasper-Sonnenberg, HannuKiviranta, ManolisKogevinas, LubicaPalkovicova, Ulrich Ranft, Greet Schoeters, EvridikiPatelarou, Maria Skaalum Petersen, Maties Torrent. Environment International. Volume 74, January 2015, Pages 23-31
L’article complet est disponible sur le sitesuivant :
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S016041201400289X
Contact :
Mariana Fernández Cabrera. Département de Radiologie et de Médecine Physique de l’UGR. Tél. : 958241000 ext. 20367 – 958240758 ; courriel : marieta@ugr.es