Inicio / Historico

On découvre pour la première fois qu’une espèce de lézard est plus grande et retient la chaleur plus longtemps quand elle habite des hauteurs plus élevées

Cette découverte, réalisée par des scientifiques de l’Université de Grenade, confirme que la dénommée règle de Bergmann (qui au XIXº siècle affirma que les animaux habitant des climats plus froids ont une taille corporelle supérieure) se confirme également chez des ectothermes, comme des reptiles et amphibies.

Ce travail a été publié dans la prestigieuse revue Journal of Evolutionary Biology.

 

Des scientifiques de l’Université de Grenade ont découvert que le lézard à longue queue (Psammodromus algirus) présente une plus grande taille quand il habite sur des hauteurs (avec un climat plus froid) que sur des terres basses et donc plus chaudes. De plus, les lézards qui vivent à plus de 2000 mètres d’altitude retiennent la chaleur plus longtemps dû à leur plus grande taille.

Ce travail, publié dans la prestigieuse revue Journal of Evolutionary Biology, confirme pour la première fois, depuis qu’elle fut proposée au XIXº siècle, que la dénommée règle de Bergmann (qui affirme que les animaux habitant des climats plus froids ont une taille corporelle supérieure) se confirme également chez des ectothermes, comme des reptiles et amphibies, et que le mécanisme sous-jacent est effectivement celui qu’il proposa : la majeure inertie thermique des animaux de grande taille dans des habitats froids.

Avec d’autres, comme celles d’Allen et de Gloger, la règle de Bergmann est une des grandes références macro-écologiques classiques. Elle fut établie par le naturaliste allemand Carl Bergmann en 1847, et postula que les animaux endothermes, qui génèrent de la chaleur interne moyennant des mécanismes physiologiques métaboliquement coûteux, comme les oiseaux et les mammifères, présentent une plus grande taille dans des habitats froids, de sorte que le rapport superficie-volume corporel se réduit et, par conséquent, le taux de perte de chaleur se réduit.

 

Animaux ectothermes

Cette tendance, dénommée « climat de Bergmann », s’est vérifiée chez de nombreux endothermes. Cependant, à cette date la situation n’était pas aussi claire chez les animaux ectothermes, qui dépendent de sources externes de chaleur (fréquemment la chaleur solaire) pour contrôler la température corporelle, comme les reptiles et les amphibies, entre autres.

Des études préalables à celles réalisées à l’UGR ont trouvé des cas d’ectothermes qui suivent le climat de Bergmann, mais il y en a d’autres où on n’observe pas de rapport entre la taille corporelle et la température environnementale, ou même chez lesquels se produit la tendance inverse, c’est-à-dire qu’il existe des groupes d’ectothermes dont les représentants sont plus petits dans des habitats froids.

L’explication généralement acceptée est que les ectothermes plus grands tarderaient plus à perdre de la chaleur dans des habitats froids, ce qui serait propice, mais aussi l’acquerraient plus lentement, ce qui serait  désavantageux. D’autre part, le mécanisme proposé par Bergmann pour expliquer leurs clines, cette capacité majeure de conserver la chaleur les animaux les plus grands, n’a jamais été constatée.

Dans cet article, Francisco Javier Zamora Camacho, Senda Reguera et Gregorio Moreno Rueda, chercheurs du département de Zoologie de l’UGR, ont démontré qu’un ectotherme, le lézard à longue queue (Psammodromus algirus), atteint des tailles supérieures sur les hauteurs de Sierra Nevada, ce qui correspond aux clines de Bergmann.

 

Un débat depuis le XIXº siècle

« Notre travail résout par conséquent deux controverses polémiques, brûlantes et profusément étudiées depuis le XIXº siècle. En premier lieu, il se trouve que la règle de Bergmann peut se vérifier chez des ectothermes s’il existe des mécanismes qui permettent que le taux de chaleur ne se voit pas réduit par une taille corporelle supérieure ; dans ce cas, la couleur plus obscure des lézards », signale l’auteur principal de ce travail, Francisco Javier Zamora Camacho.

De plus, les chercheurs ont vérifié pour la première fois depuis près de 200 ans que le mécanisme sous-jacent aux climats de Bergmann est effectivement celui que son créateur avait proposé : les animaux de taille supérieure présentent vraiment des taux de refroidissement plus lents, ce qui suppose un avantage dans les climats froids en leur permettant de retenir la chaleur, difficile à acquérir, pendant plus longtemps.

 

 

Référence bibliographique :

 Bergmann’s Rule rules body size in an ectotherm: heatconservation in a lizard along a 2200-metre elevational gradient. F. J. Zamora-Camacho, S. Reguera & G. Moreno-Rueda 

J . EVOL. BIOL . 27 (2014) 2820–2828

 

Contact :

Francisco Javier Zamora Camacho. Département de Zoologie de l’Université de Grenade.

Tél. : 0034 958 249854;
Courriel : zamcam@ugr.es