Inicio / Historico

Quand un insecte influence la morphologie d’une fleur

Quand un insecte influence la morphologie d’une fleur

Publié le jeudi 2 novembre 2006. [Imprimer cette brève]
Sources : sciencemag.org

(JPG)
Morphotypes floraux d’Erysimum mediohispanicum
Crédits : José María Gómez / www.ugr.es (2005)

En botanique, les fleurs se distinguent par deux cas de symétrie : radiale (actinomorphes), comme chez les potentilles, et bilatérale (zygomorphes), à l’image des fleurs d’ajonc ou des orchidées. Les fossiles de végétaux et la génétique ont montré que la forme actinomorphe est un état ancestral, et que la forme zygomorphe est apparue de manière indépendante chez différentes familles végétales au cours du temps, sans que les raisons expliquant cette évolution ne soient clairement identifiées. Mais une équipe de biologistes espagnols de l’Université de Grenade vient d’y apporter un élément de réponse, en proposant un exemple d’évolution d’une plante actinomorphe vers la forme zygomorphe, et ce grâce à l’influence d’un insecte pollinisateur !

L’équipe de chercheurs, dirigée par José Gómez, a étudié 300 plants d’Erysimum mediohispanicum (Brassicacée), qui pousse dans les montagnes du sud de l’Espagne : certains plants portent à la fois des fleurs actinomorphes ou zygomorphes. Gómez et ses collaborateurs ont observé qu’un insecte pollinisateur, Meligethes maurus, représente à lui seul 80% des insectes venant butiner ces fleurs. En mesurant soigneusement la forme tridimensionnelle de chaque fleur par la technique de morphologie géométrique, ils se sont aperçu que non seulement les fleurs zygomorphes recevaient plus de visites de ces insectes que les fleurs actinomorphes, mais aussi que les plantes arborant ces fleurs produisaient plus de graines, donnant une descendance plus nombreuse. Celà signifie donc que, génération après génération, la proportion d’E. mediohispanicum à fleurs à symétrie bilatérale va augmenter au détriment des plantes à fleurs actinomorphes.

Inversement, M. maurus semble préférer certains types de fleurs zygomorphes, par exemple celles avec deux pétales parallèles l’un par rapport à l’autre, sans que l’équipe espagnole parvienne pour autant à expliquer ce curieux comportement.

Ces travaux, publiés dans la revue American Naturalist, apportent un exemple sérieux de sélection naturelle d’une morphologie végétale par le fitness génétique et ouvre de nouvelles questions quant aux raisons de cette interaction entre M. maurus et E. mediohispanicum.

Descargar