La fosse où reposerait Federico Garcia Lorca bientôt ouverte
Les travaux d\’excavation portant sur une fosse commune où le poète aurait été enterré en août 1936, aux côtés d\’autres victimes des franquistes, doivent être entrepris cette semaine.
Les préparatifs ont commencé à Alfacar, près de Grenade. Les membres de branche locale de l\’Association pour la Récupération de la Mémoire historique (ARMH) ont installé dimanche un dispositif pour protéger la zone des fouilles à l\’intérieur du parc Federico-Garcia-Lorca. La protéger des intempéries, bien sûr, mais aussi des curieux.
Car l\’objet de ces recherches est sensible en Espagne: il s\’agit mettre au jour une fosse commune (en réalité six emplacements distincts, comme l\’indique la carte ci-dessous) où reposent des victimes de la Guerre civile espagnole (1936-1939), déterminer combien de dépouilles y ont été regroupées et les identifier, à condition que leurs descendants aient donné leur accord.
Le tout à la suite d\’un accord cosigné par le gouvernement d\’Andalousie, les députés provinciaux, la mairie d\’Alfacar, l\’Université de Grenade et l\’ARMH, et pour un coût d\’environ 70 000 euros subventionnés.
Ces travaux d\’excavation ne sont pas une première. L\’ARMH menée par Emilio Silva, auteur des Fosses du franquisme, y procède déjà dans les localités où des fosses communes ont été signalées, et ce depuis l\’an 2000.
Mais ils revêtent une forte charge symbolique. C\’est à Alfacar, reposerait le poète Federico Garcia Lorca. Avec lui, au moins trois autres personnes, un maître d\’école et deux anarchistes, fusillés avec lui par des franquistes, en août 1936, un mois après le début de la guerre civile espagnole, dans un ravin qui, bien plus tard, deviendrait un parc, avec une stèle à la mémoire du poète et à celle de toutes les victimes de la guerre civile.
Le corps du maître d\’école, Dioscoro Galindo ne sera pas identifié, contrairement à ceux des deux anarchistes, Francisco Galadi et Joaquin Arcolla (exécutés avec Lorca), et ceux de l\’inspecteur des impôts Fermin Roldan, et du restaurateur Miguel Cobo, qui pourraient être également dans la fosse.
Le parc déclaré cimetière légal
Quant à Federico Garcia Lorca, sa petite-nièce et porte-parole de la famille, Laura, déclarait début octobre dans le quotidien El Pais, que «le moment venu, nous fournirons de l\’ADN si nous pouvons identifier» notre parent. Mais le même quotidien espagnol affirmait ce week-end que Lorca ne serait «a priori pas identifié».
Les descendants du poète de Fuente Vaqueros, longtemps réticents à la démarche de l\’ARMH, se sont également interrogés sur ce qu\’il adviendrait des ossements exhumés. Le parc Federico Garcia Lorca aurait-il encore un sens sans la présence symbolique du poète? Aussi demandaient-ils, tout comme ceux de Galindo, l\’assimilation légale de ce lieu à un cimetière, afin que leur aïeul puisse continuer d\’y reposer, une fois les procédures terminées.
Requête approuvée par la mairie, la semaine dernière. Ainsi, comme l\’écrivait un éditorialiste de El Pais, «Garcia Lorca continuera à y défendre la dignité de ses compagnons républicains dans la mort».
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