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Plus de 4 000 corps exhumés en sept ans

Plus de 4 000 corps exhumés en sept ans

Les «cartes des exhumations» que publie régulièrement la presse espagnole dessinent une géographie de la douleur de plus en plus précise. Le pays est piqueté d\’un réseau sans cesse plus dense de points de couleur censés représenter des fosses communes creusées pendant la guerre civile, dans lesquelles des cadavres anonymes ont été jetés après leur exécution sommaire. Parfois, les cartographes doivent réaliser des «loupes» détaillées par régions, notamment sur la Catalogne et l\’Andalousie, où les charniers sont les plus nombreux.

Lundi 15 septembre, une association andalouse a remis à l\’université de Grenade une liste de 5 000 disparitions dans la région.

Certaines fosses sont clairement indiquées, d\’autres sont signalées comme «probables». Parfois, des taches de couleur recouvrent des «zones à forte concentration de fosses», sans plus de précision pour l\’instant.

Ce travail d\’exhumation du passé est récent. En moins de sept ans, plus de 4 000 corps ont déjà été retrouvés, beaucoup identifiés et rendus à leur famille. La quasi-totalité des 167 fosses communes déjà dégagées l\’ont été par l\’Association pour la récupération de la mémoire historique (ARMH). «Normalement, ce serait à l\’Etat de prendre en charge ce travail, mais en trente ans de démocratie rien n\’a été fait», regrette son fondateur, Emilio Silva.

Cet ancien journaliste a découvert par hasard, au cours d\’un reportage en mars 2000, l\’endroit où son grand-père avait été enterré avec douze autres républicains. Au bas de l\’article qu\’il écrit sur son histoire dans un journal local, il laisse son numéro de téléphone au cas où des familles voudraient prendre contact avec lui. Les appels affluent. L\’ARMH naît l\’année suivante. Elle se développe via Internet, multiplie les «chantiers» grâce à des archéologues et une armée de bénévoles. Travaillant d\’abord avec les moyens du bord, elle bénéficie depuis deux ans d\’une subvention publique de 120 000 euros annuels.

Depuis la décision du juge Baltasar Garzon, il y a quinze jours, de demander aux institutions de l\’Etat, à l\’Eglise et aux collectivités locales des informations sur les 30 000 disparus de la guerre civile (1936-1939) et de la dictature franquiste (1975) en vue d\’une enquête pénale, les demandes de familles ont redoublé. La droite, qui a toujours critiqué «la mémoire sélective» de l\’ARMH, considérant que la guerre civile avait fait des victimes dans les deux camps, s\’inquiète qu\’on rouvre ainsi «les blessures du passé». Pour Emilio Silva, ce serait plutôt l\’occasion de les refermer : «Quand il s\’agissait pour le juge Garzon d\’exhumer des fosses communes et d\’enquêter sur des disparitions forcées en Argentine ou au Guatemala, personne n\’a protesté», s\’insurge-t-il.

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