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Deux nouveaux classements des universités espagnoles

Le fameux classement de Shanghai dans lequel les universités françaises ne sont pas vraiment à leurs avantages et qui est si souvent utilisé pour justifier les réformes, est basé sur une méthodologie que de nombreux spécialistes ne manquent pas de dénoncer. L’historien et sociologue canadien des sciences Yves Gingras n’hésite pas par exemple à affirmer qu’il n’a aucune valeur scientifique (La Recherche de mai 2009).

Ce classement n’est pas le seul, loin s’en faut : à l’heure de l’internationalisation, de la visibilité, de la lisibilité et de l’excellence -maîtres mots des universités françaises comme espagnoles-, classer, se comparer, est très important. Il existe ainsi en Espagne différents classements comme le SIR que nous avons eu l’occasion de présenter en décembre dernier [1].

A quelques jours de l’épreuve de la «selectividad» qui permettra aux lycéens espagnols de terminale de savoir à quelles études et à quelle université ils pourront avoir accès [2], ont paru deux nouveaux classements, l’un se référant d’avantage à la formation (universités publiques et privées) et l’autre d’avantage à la recherche (universités publiques).

1- Classement «El Mundo»

Le quotidien espagnol «El Mundo» analyse 50 formations universitaires en donnant pour chacune d’elles les cinq premières universités et procède ensuite à un classement général. Le calcul s’effectue en prenant en compte les données statistiques des universités (demande des étudiants, ressources humaines et matérielles, plan d’études, taux d’abandons et de réussite, nombre de thèses, projets de recherche, langues, conventions etc.) mais aussi en s’appuyant sur une enquête anonyme auprès des enseignants ainsi que sur d’autres classements et d’autres sources de renseignement et rapports (comme ceux de l’agence d’évaluation ANECA par exemple).

Sans surprise et sans changement (classement 2008 [3], classement 2009 [4]), Madrid et Barcelone se taillent la part du lion, en occupant les 8 premières places du classement général avec la Complutense de Madrid, les deux Autónomas, les deux Politécnicas, Carlos III de Madrid, l’université de Barcelone et la Pompeu Fabra de Barcelone. Les universités de province arrivent ensuite avec Grenade, Salamanque, La Corogne, etc. Parmi les universités privées se détachent l’université de Navarre, Ramon Llull, la Pontificia de Comillas, CEU San Pablo, Deusto …

Concernant les formations proprement dites, on retrouve bien sûr les universités précitées dans un ordre reflétant plus ou moins leurs orientations ou leurs choix stratégiques. C’est ainsi que l’on retrouve en tête les Autonomas et la Complutense en mathématiques en médecine, en physique …, les Politécnicas et la Carlos III en télécommunication, technologies industrielles, informatique, la Carlos III, Pompeu Fabra, Ramon Llull (Barcelone) en administration des entreprises ou en économie, etc. Quelques universités, moins bien placées au classement général parviennent aussi à se faire une place sur le podium comme Saint Jacques de Compostelle dans les domaines de la santé (de même qu’Alphonse X) de la philosophie ou de l’éducation, Jaume I (Valence) en traduction et interprétariat, Séville en histoire de l’art, Alcala de Henares en sciences de l’environnement, les Iles Baléares, Gérone ou Alicante dans le domaine du tourisme etc.

Si ce classement donne une idée du «ressenti», à l’aune de critères plus ou moins subjectifs, il reflète toutefois assez bien l’activité dominante des principales universités de Madrid et de Barcelone. Il peut en aller différemment pour quelques universités de province qui font des efforts reconnus dans certains domaines, notamment de la recherche et que l’on retrouve mieux placées dans d’autres analyses comme celle faite, par exemple, par l’université de Grenade.

2- Classement de l’université de Grenade

Dirigé par Gualberto Buela-Casal de l’université de Grenade, ce travail est paru sous forme d’une publication dans la revue espagnole Psicothema [5]. Les auteurs prennent soin de décrire leur méthodologie et les sept paramètres qu’ils ont choisis d’analyser. Ils donnent les sept classements correspondants ainsi que le classement global qui pondère l’ensemble selon un jeu de coefficients qu’ils ont établi à partir d’une enquête réalisée auprès des enseignants chercheurs. On peut regretter par exemple que sur le critère des publications, ils n’aient considéré que le nombre d’articles et non celui des citations ou bien s’interroger sur l’intérêt du critère de la mention à la thèse ou sur la pertinence d’un classement global mais leur travail a le mérite de la transparence.

Nous donnons ci-dessous les 7+1 classements en question en nous limitant aux dix premières universités publiques sur les 48 que compte l’Espagne.

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