L’Observatoire de l’activité de Recherche de l’Université Espagnole (IUNE) a été mis en place le 23 avril dernier. Sous ce nom se cache en fait un site internet regroupant des données statistiques sur l’activité de recherche de la majorité des universités espagnoles [1]. Ce site a été mis au point par un groupe de chercheurs appartenant a des universités de»Allianza4U» : l’Université Autonome de Barcelone (UAB), l’Université Autonome de Madrid (UAM), l’Université Carlos III de Madrid (UC3M) et l’Université Pompeu Fabra de Barcelone (UPF).
42 indicateurs pour décrire les universités
Les données mises en ligne regroupent 42 indicateurs autour de six axes: le nombre de professeurs (indicateur qui constitue un axe à lui seul), la reconnaissance de leur travail (prix et primes), la production scientifique (nombre, citations, collaborations, visibilité…), la compétitivité pour l’obtention des financements sur projet espagnols et européens, l’innovation (brevets, licences, contrats) et enfin la capacité de formation (projets doctoraux, nombre de thèses, et – étrangement – nombre de financements de chercheurs en CDD des programmes Jamon y Cajal et Juan de la Cierva).
Les indicateurs présentent les données brutes pour les universités et les données rapportées au nombre de professeurs (par exemple nombre de publications pour 100 professeurs). Il est ainsi possible d’obtenir des classements différents, indépendant ou non de la taille des universités. Les données sont pour le moment disponibles pour la période 2002 – 2010 et devraient être actualisées chaque année. Elles proviennent de diverses sources : le Centro para el Desarrollo Técnico Industrial (CDTI), la Comisión Nacional Evaluadora de la Actividad Investigadora (CNEAI), la Fundación Española para la Ciencia y la Tecnologia (FECYT), el Instituto Nacional de Estadistica (INE) ou encore la Oficina Española de Patentes y Marcas (OEPM).
Les universités les mieux placées
Les universités qui reviennent le plus souvent en tête des classements sont les universités barcelonaises (Université de Barcelone – UB, Université Polytechnique de Barcelone – UPC, UAB, UPF) et madrilènes (Université Complutense de Madrid – UCM, Université Polytechnique de Madrid – UPM, UAM, UC3M). Apparaissent aussi fréquemment les universités du Pays Basque (EHU), de Grenade (UGR), de Séville (US), de Valence (UV) et Polytechnique de Valence (UPV) ou de Salamanca (USC). Ces universités sont toutes publiques, les universités privées n’apparaissant que très peu dans le haut des classements.
L’évolution des données entre 2002 et 2010 permet de mettre en avant une forte progression de la productivité des universités. Elle a en moyenne presque doublée si l’on tient compte du nombre de publications par professeur. En tête du classement se trouve l’UPF, qui a plus que triplé sa productivité en matière de publications. En ce qui concerne les brevets, les trois universités polytechniques (UPC, UPV et UPM) sont en tête en nombre de brevets sur la période considérée. L’UPC mène le classement du nombre de brevet par centaine de professeurs avec une moyenne de 1,69 pour la période et un impressionnant 3,22 en 2010.
Un outil pour tous les acteurs
Le processus de construction de cet outil avait été lancé il y a trois ans. Le Ministère de la Science et de l’Innovation l’avait alors soutenu financièrement. L’observatoire compte aujourd’hui l’appui du Ministère de l’Education. Il s’agit pour ce dernier d’une source officielle pour les indicateurs sur la recherche au sein du système universitaire.
L’outil est aussi un outil important pour les universités. Comme le note Elias Sanz, coordinateur de l’observatoire, «à travers de ces indicateurs, chaque université peut déterminer son profil d’activité et sa position au sein du système universitaire espagnol, en fonction de son activité scientifiques». L’intention derrière la création de l’observatoire était de surmonter le manque d’information complète et systémique sur l’activité scientifique dans les universités espagnoles.
A l’heure où l’université est dans la ligne de mire du gouvernement et que des réformes sur son fonctionnement sont en discussion, cet outil tombe à point nommé. Il permettra de fournir des données sur la situation actuelle de la recherche au sein des institutions universitaires afin d’alimenter les débats des prochains mois.