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Chez les Marocains en Espagne, stupeur, craintes et colère
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Libération (Casablanca)
19 Mars 2004
Publié sur le web le 19 Mars 2004
Tahar Abou El Farah
Un large sentiment dinquiétude a envahi la communauté marocaine installée en Espagne depuis les attentats meurtriers de Madrid. Les Marocains résidant dans la péninsule craignent des actions de représailles de la part de la population espagnole meurtrie par les actes terroristes.
Si depuis le 11 septembre, nos conditions de vie ont empiré, après le 11 mars elles vont se dégrader davantage, affirme, dans ce sens, le porte-parole du Centre culturel islamique espagnol. Une inquiétude qui sexprime clairement sur le visage des habitants, dont une grande partie des Marocains, du quartier Lavapiés, au centre de Madrid dans lequel résident les trois suspects arrêtés après les attentats.
Un sentiment partagé également par une large tranche de la société civile espagnole. Ainsi, la Fédération des associations pour la protection des droits des émigrés Andalucia Acoge, a appelé au début de la semaine au calme et prié les Espagnols de ne pas faire lamalgame entre les terroristes et les émigrés dorigine maghrébine installés dans leur pays.
Les émigrés ont été aussi victimes de ces attentats comme la été un grand nombre de Marocains dans lexplosion de la Casa de Espa-a lors des attentats de Casablanca, indique le communiqué de lONG, repris par Europa Press. Ils ont aussi été unanimes à condamner ces actes terroristes aussi bien devant les médias que lors de différentes manifestations organisées après les attentats du 11 mars, ajoute le communiqué.
LONG a également appelé les autorités de son pays à faire la différence entre émigration et terrorisme et de se montrer vigilantes dans leurs déclarations lors des différentes manifestations, qui pourraient prêter à une telle confusion. De telles déclarations, estime lONG, pourraient susciter des actes à caractère raciste à même de porter gravement atteinte à la paix sociale.
Pour sa part, Nourddine Kadi, président de lAssociation des étudiants marocains de luniversité de Grenade, cité par Europa Press, considère injustes de possibles représailles contre le peuple marocain à cause du fait de limplication dun groupe dextrémistes dorigine marocaine dans ces attentats.
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Le responsable de lassociation estudiantine ne cache pas la peur de ses compatriotes installés en Espagne déventuels actes de représailles, même si, rassure-t-il, lon ne peut pas généraliser face à une telle situation. Les gens qui le font, affirme-t-il, sont des personnes qui sont déjà prédisposées à faire montree dun sentiment de rejet envers une communauté, une religion ou un pays donnés. Aussi, lon ne pourrait concevoir, explique le président de lassociation des étudiants, quune personne puisse reprocher à toute une communauté les assassinats commis par une poignée dobscurantistes.
Codenaf, lAssociation pour la coopération et le développement en Afrique du Nord, tient, pour sa part, à rendre clair le fait que les islamistes ne représentent pas les émigrés de confession musulmane, et faire part de sa crainte quant aux possibles conséquences des attentats pour la communauté marocaine. Dans son communiqué publié par Europa Press, la Codenaf affirme ainsi que les assassins sont des assassins doù quils viennent et quelle que soit leur religion. Et la responsabilité de ces crimes incombe à seuls leurs auteurs.