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La ville de Sebta des années 50 et 60 revisitée

Les Nouvelles sebti de Mohamed Lachiri)
La ville de Sebta des années 50 et 60 revisitée
Après avoir écrit pendant 17 ans en arabe, notamment en traduisant de l’espagnol vers l’arabe des textes de littérature espagnole et de l’Amérique Latine (les lecteurs en arabe n’ont pas oublié un fameux numéro spécial de la revue Takafa Jadida de 1983 où l’on découvrait des textes de Borgès, Cortazar, Garcia Marquez et bien d’autres) Mohamed Lachiri dit avoir commencé à écrire en espagnol « par hasard » parce qu’il avait travaillé pendant des années dans le journal la Manana à Casablanca parallèlement à son travail dans l’enseignement.

De cette activité journalistique sont sorties des nouvelles sur Sebta sa ville natale. Dans les pages du journal casablancais, à côté des pages d’informations périssables où l’on parlait notamment du conflit du Sahara, il y en avait d’autres avec beaucoup de textes de témoignage, d’écriture, de poésie sur la relation entre l’arabe et l’espagnol, surtout dans le nord du Maroc. De cette activité est né en 1994 un premier recueil de nouvelles sur Sebta des années 50 et 60. Ensuite un deuxième recueil verra le jour en 2004 sur la même ville où l’auteur a passé son enfance et adolescence. Aujourd’hui c’est le troisième recueil de nouvelles en hommage à cette ville sous occupation espagnole célèbre surtout pour l’activité de contrebande et l’émigration clandestine. Dans les nouvelles nulle mention pour le conflit politique de Sebta et Mellilia.

Voici ce que l’auteur dit de ses textes :

« Je considère la plupart des contes de mon dernier recueil “Une petite tombe à Sidi Embarek”, ainsi que tout ce que j´ai écrit sur Sebta (les deux recueils précédents) comme un chant d´amour à ma petite patrie (Sebta), mais à la petite patrie où j´ai vécu dans mon enfance et mon adolescence, c´est-à-dire ma Sebta des années 50 et 60, avec ses gens, ses mosquées, ses églises, son souk, ses plages, ses aids, ses nochebuenas, ses cafés, ses bars…C´est vrai que maintenant je suis en train de finir un recueil de contes dont les personnages et les histoires se déroulent à Casablanca, à Marrakech et autres villes du Maroc (“Le cauchemar et autres contes marocains”) mais je suis sûr que je n´arrêterai jamais d´écrire sur ma Sebta des années 50 et 60. Cette époque-là est une mine inépuisable d´histoires, anecdotes et personnages »

Il assure qu’il a découvert qu’écrire en espagnol lui permet de dire beaucoup de choses intimes qu’il n’arrivait pas à transmettre à travers la langue arabe. « Quand j’écris en espagnol je me sens plus libre. En arabe j’ai comme une auto-censure surtout l’univers de la sexualité »

Combien peut-on avoir de lecteur en écrivant en espagnol ? L’auteur répond :

« les seuls lecteurs que j´ai jusqu´a maintenant se trouvent à Sebta ( 700 exemplaires de mon “Cuentos ceutíes” ont été vendus dans les librairies de la ville) ; j´ai là-bas des lecteurs qui aiment ce que j´écris. J´ai reçu des critiques très encourageantes des responsables et écrivains espagnols à Casablanca, à Rabat, à Sebta, à Grenade, à Malaga, à Madrid… (lettre de l´ambassadeur de l ´Espagne à Rabat M. Luis Planas, articles et lettres de l´ex ambassadeur del Espagne au Maroc, M. Jorge Dezcallar, articles des professeurs Miguel Angel Moreta, Arturo Lorenzo, Jose Luis Gomez Barceló, critiques encourageantes des écrivains Lucia Etxebarria et Sergio Barce…) » Pour les relations entre les deux rives de la Méditerranée il souligne :

« En tant que fils de la rive sud du Détroit de Gibraltar, mon lien avec la rive nord n´est pas seulement la langue de Cervantès, c´est aussi un grand intérêt (presque maniaque) pour tout ce qui concerne les huit siècles de l´Espagne Musulmane. Je lis avec grande passion tout ce que je trouve sur cette longue histoire. Maintenant, je viens de lire un très bon roman de Tarik Ali sur la chute de Grenade et je commence un long roman (2 tomes, comme “La guerre et la paix” du grand Tolstoï) de Frank Baer sur l´époque des “reyes de taifa” (Al Moatamid ibn Abbad, Ibn Ammar, …) »

Mohamed Lachiri actuellement à la retraite dit se consacrer à l’écriture et publie toujours à compte d’auteur. Il fait de reproches à l’Association des Ecrivain Marocains de Langue Espagnole qui dit-il reçoit des subventions mais n’aide pas les auteurs de langue espagnole qui en sont membres. Pourtant les Université espagnoles s’intéressent de plus en plus à cette littérature marocaines écrite en espagnol. Ainsi l’université de Grenade est en train de publier l’un des plus importants recueils de nouvelles d’auteurs marocains et l’Université de Cadix compte organiser en février 2007 des journées de littérature marocaine en langue espagnole.
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